KHALIL GIBRAN
LE SABLE ET L'ÉCUME : RECUEIL D'APHORISMES
Après avoir écrit ses trois premiers ouvrages en langue anglaise (The Madman, The Forerunner et The Prophet), Khalil Gibran publia Sand and Foam: A Book of Aphorisms en 1926. C'est son amie intime et bienfaitrice Mary Haskell qui le convainquit de publier ce recueil qu'il ne souhaitait, pour sa part, pas voir publié.
Cet ouvrage regroupe des idées éparses qu'il griffonna sur des bouts de papier et gardait jalousement. Avec Mary Haskell, il y mit de l'ordre et les classa par grands thèmes. Pour sa publication, il voulut rehausser le recueil de dessins personnels.
Nous pouvons retrouver parmi ces aphorismes et courts poèmes quelques idées que Gibran développa dans ses trois premiers ouvrages, ainsi que dans les suivants.
Sous le titre Le Sable et l'Écume : Recueil d'Aphorismes, la traduction de Sand and Foam est sortie le 5 février 2020 chez DEMDEL Éditions.
Parution le 5 février 2020 • 229 pages • ISBN 978‑2‑87549‑305‑7 • 15 €
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EXTRAIT
Préface
Au cœur de l'adolescence s'est nouée une improbable amitié entre Philippe et l'« autre » Philippe (les matheux et forts en thème latin), et Patrick (le fort en version, grecque de préférence), tous trois réunis dans une même classe en fin de secondaire, par le hasard d'une poignée de latinistes surnuméraires qu'il fallait recaser contre leur gré alors que, à l'époque déjà, l'on manquait de locaux et de professeurs.
Il ne me revient plus ce qui fit poindre cette triple entente, sans doute telles musiques venues d'outre-Manche, et qui se jouent fort. Tout autant qu'une bienveillante entraide à mener à bien nos travaux scolaires.
Puis, ce furent les années universitaires où, par-delà les orientations (polytechnique pour l'un, traduction pour l'« autre », philologie romane pour le troisième), nous nous retrouvions régulièrement à l'appel du folklore estudiantin. En fin de cycle, avec l'arrivée de Muriel, le trio se fit quatuor, pour se métamorphoser aussitôt en un nouveau trio : magie de Musti, magie de la fusion des cœurs.
Une étrange alchimie avait opéré et des liens s'étaient tissés qui, à l'image d'un filet d'oranges, ont résisté à l'épreuve du temps et aux vicissitudes de la vie.
Nos vies ne sont pas parallèles, sinon nous ne nous rejoindrions qu'à l'infini. Elles ne se sont jamais disjointes non plus. Le cycle des saisons et leur cortège de points fixes sont autant de prétextes à des retrouvailles festives. Si l'éloignement géographique est un obstacle à nos rencontres, ces moments rares et précieux n'en sont que plus savoureux.
Le Prophète, un de ces livres magiques dans lesquels on aime à se perdre jusqu'à l'ivresse, fut une illumination, un instant d'émotion littéraire. Je me souviens bien de ce sentiment d'éveil en découvrant la prose lumineuse et poétique de Khalil Gibran. Je me rappelle les paroles du prophète Almustafa à propos de l’amitié :
[…] Et [votre ami] est votre couvert dressé et votre coin du feu. Parce que vous venez à lui avecque votre faim qu'il peut apaiser et le recherchez pour la paix qu'il peut vous apporter. Lors que votre ami à vous se confie, vous ne craignez point de lui exprimer le désaccord ou l'assentiment de votre esprit. Et lors qu'il est silencieux, votre cœur point ne cesse d'écouter son cœur ; Car en amitié, toute pensée, tout désir, toute attente naissent et se partagent sans mot dire, avecques une joie discrète. […] Et que le meilleur de vous-même soit pour votre ami. S'il doit connaître le jusant de votre marée, qu'il en connaisse aussi le revif. […] Car il lui appartient de combler votre besoin, point votre vacuité. Et qu'il y ait, dans l'aménité de l'amitié, rires et plaisirs partagés. […] (Traduction de Philippe, extraite de son Fol)
Quel bonheur de te savoir aujourd'hui investi, heureux et inspiré, par ce travail de traduction destiné à mettre « dans la lumière » cet écrivain méconnu dans les faits, à l'exception de son Prophète. Découvrir ses textes et tes traductions toutes personnelles, voilà qui est pour nous, à la fois, un retour en arrière, une madeleine de Proust et le sentiment fort de vivre dans l'instant présent la découverte d'un auteur original, passeur de lumière, architecte d'un pont reliant l'Occident et l'Orient grâce à ses réflexions philosophiques universelles et à la poésie de sa langue. Merci à toi.
Avec notre amitié,
Patrick Steveniers et Muriel Steveniers-Constas, alias Musti, Watermael-Boitsfort, avril 2019